mardi 20 décembre 2011

L'Orchestre Français des Jeunes confirme Salle Pleyel le haut niveau de formation des conservatoires

Paris, Salle Pleyel, lundi 19 décembre 2011

 Photo Orchestre Français des Jeunes
L’Orchestre Français des Jeunes cru 2011 a donné son dernier concert de la saison à Paris, Salle Pleyel, sous la direction de son nouveau directeur musical, Dennis Russell Davies, qui a succédé cette année à Kwame Ryan. Ce concert a confirmé le niveau d’excellence atteint par les jeunes recrues de cette formation à but pédagogique qui s’impose toujours davantage comme un passage obligé pour les apprentis musiciens qui entendent se lancer dans une carrière d’orchestre. D’autant que, comme de coutume depuis la fondation de l’OFJ en 1982, les œuvres proposées aux 102 élèves des conservatoires nationaux, régionaux et étrangers âgés de 16 à 26 ans par les responsables de l’orchestre pour les deux sessions de cette année ont permis de mettre en valeur à tour de rôle les différents pupitres de l’orchestre, aussi bien les cordes que les bois, les cuivres et la percussion.

Ainsi, quatre mois après l’avoir entendu au Festival de La Chaise Dieu dans le cadre d’un concert associant une symphonie de Haydn, une pièce contemporaine de Stefen Schleiermacher et le périlleux Petrouchka de Stravinsky, l’OFJ a confirmé à Pleyel n’avoir rien à envier à quantité de phalanges professionnelles de renom. Le programme présenté lundi au public venu en nombre au sein duquel on distinguait quantité de musiciens, parmi eux plusieurs compositeurs, était à la fois somptueux et didactique, mettant singulièrement en valeur l’ensemble des pupitres de l’orchestre, solistes et tuttistes, particulièrement les cordes, qui se sont avérées pour le moins somptueuses : l’onirique Procession nocturne aux élans tristaniens composée en 1897 par Henri Rabaud (1873-1949) d’après le Faust de Lenau, la tourbillonnante Sinfonietta op. 60 (1926) de Leoš Janáček (1854-1928), avec des fanfares introductives trop lentes et manquant d’assurance mais triomphales dans le finale, tandis que les arabesques des cordes et la houle de la harpe sont apparues d’une fluidité quasi immatérielle. Pour conclure, le choix s’est porté sur une ample partition à l’écriture dense, virtuose et à l’orchestration extraordinairement foisonnante, le trop rare poème symphonique Don Quichotte op. 35 (1897) sous titré « (Introduzione, Tema con Variazioni e Finale) Variations fantastiques sur un thème à caractère chevaleresque pour grand orchestre », variations qui, au nombre de dix, content en autant d’étapes les aventures du chevalier à la triste figure (personnalisé par le violoncelle solo) immortalisé par Miguel de Cervantès accompagné de son écuyer Sancho Pança (alto) et du fantôme de Dulcinée (violon), premier volet du diptyque Held und Welt (Héros et Monde) de Richard Strauss (1864-1949) dont la seconde partie n’est autre que Une Vie de Héros op. 40 (1897-1898) - diptyque au demeurant très peu proposé par les organisateurs de concert. La lecture de Dennis Russell Davies a été épique à souhait, le chef américain tirant profit de l’enthousiasme et de la vigueur de ses jeunes musiciens, qui se sont parfois avérés plus confiants que la violoncelliste soliste Sonia Wieder Atherton, qui, malgré son immense talent, a semblé se battre avec son archet et la justesse. Ce qui n’a pas été le cas du remarquable premier alto de l’Orchestre Français des Jeunes, Manuel Vioque-Judde, élève du Conservatoire National Supérieur de Musique et de danse de Paris, qui, à en juger par son jeu incroyablement sûr et ses sonorités ardentes et charnues, est indubitablement promis à une belle carrière, à l’instar de Camille Vasseur, élève de la Hochschule für Musik de Bâle, premier violon solo de l’OFJ 2011.
Bruno Serrou

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